François Fillon, à Paris, le 21 février 2017. (HAMILTON / REA)
VIDEO. "On ne peut pas diriger la France si on n'est pas irréprochable" : l'implacable plaidoyer de Fillon contre lui-même
Lors du débat de l'entre-deux tours de la primaire, le 24 novembre 2016, le candidat avait défendu la nécessaire exemplarité des hommes politiques. Une tirade qui résonne étrangement aujourd'hui.
C'est une charge terrible contre François Fillon et son refus de se retirer face à la menace d'une mise en examen. Elle a été prononcée par... François Fillon lui-même, le 24 novembre 2016, lors du débat d'entre-deux tours de la primaire de la droite. Le candidat est interrogé sur la république exemplaire qu'il défend. "Pour moi, c'est une question fondamentale, on ne peut pas diriger la France si on n'est pas irréprochable", avait-il lancé.
"On n'est pas des citoyens comme les autres"
"Cela veut dire que les ministres, les présidents de la République a fortiori, ne doivent pas être mis en examen et doivent avoir une attitude irréprochable, avait-il détaillé. Je sais que ce n'est pas juste, je sais qu'il y aura toujours des gens pour m'expliquer qu'il y a la présomption d'innocence, mais l'expérience qui a été la mienne me montre qu'on ne peut pas sereinement diriger un ministère quand on a sur le dos une suspicion qui a entraîné une procédure judiciaire".
Le candidat ne s'était pas arrêté là. "On est des hommes politiques, on n'est pas des citoyens comme les autres. Les citoyens ont le droit à la présomption d'innocence, les hommes politiques ont comme responsabilité de montrer le chemin et de prendre des décisions difficiles, avait-il développé. Quand j'ai fait mon tour de France pendant trois ans, j'ai entendu un très grand nombre de Français me dire : 'Nous, quand on passe devant le radar, on paye, vous, on a l'impression là-haut que vous ne payez jamais, ça, il faut que ça change'".
Depuis la conférence de presse du candidat annonçant, mercredi, sa convocation chez les juges en vue d'une mise en examen, de nombreux responsables de sa famille politique ont décidé de se mettre en retrait de la campagne.
Sauve qui peut. Depuis la contre-offensive médiatique de François Fillon, mercredi 1er mars, les défections s'enchaînent les unes après les autres dans le camp du candidat de la droite. La détermination de l'ancien Premier ministre à être candidat coûte que coûte, y compris en dépit de sa probable mise en examen dans quelques jours, a acté une rupture pour de nombreux élus et cadres du parti Les Républicains.
Bruno Le Maire ouvre la voie
Le premier à avoir claqué la porte est un poids lourd de la droite. Il est un peu plus de 14 heures, mercredi, lorsque Bruno Le Maire envoie un communiqué de presse impitoyable à l'égard de François Fillon. Annonçant sa démission de l'organigramme de campagne du candidat de la droite, l'ancien ministre écrit : "Je crois au respect de la parole donnée. Elle est indispensable à la crédibilité de la politique." Une allusion à l'engagement de François Fillon à ne pas être candidat en cas de mise en examen, une promesse sur laquelle il est revenu depuis.
Le député de l'Eure est vite rejoint par ses soutiens. Les députés des Républicains Franck Riester, Laure de La Raudière, Alain Chrétien, Arnaud Robinet, le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau ou encore le centriste Yves Jégo, vice-président de l'UDI, quittent le navire Fillon avec le même argument. "Il est peut-être encore temps de redresser la barre. J'en appelle à la responsabilité de François Fillon et de ses soutiens", lance sur franceinfo Arnaud Robinet, député-maire de Reims. "La droite ne peut plus rester prisonnière de François Fillon", ajoute Paul Guyot, vice-président des Jeunes républicains, également proche de l'ancien ministre de l'Agriculture.
Divers Sources: de Bastien Hugues Clément Parrot France Télévisions